Pêle-mêle Ciné #1 : Capharnaüm et En Liberté

Je profite de l’été pour reposter de vieilles critiques ciné… Si ça peut donner des idées de films à voir =), ou plutôt à ne pas voir pour cette fois-ci !!!


Minis Billets du Cinéma / Pêle-mêle

9 Novembre 2018

Social et Comédie

Films sociaux : L’exemple de Capharnaüm

Film social parmi désormais tant d’autres, Capharnaüm essaye de se tirer hors du panier avec un élément choc : un enfant qui porte plainte contre ses parents pour l’avoir mis au monde. Le film est prenant, le scénario bien ficelé, le jeu d’acteur intéressant, et le propos de fond militant et nécessaire. Malheureusement, la narration est classique, et la réalisation peu originale. L’on sent qu’il s’agissait pour les créateurs de raconter l’histoire à un grand public d’abord, avant d’en faire une « œuvre » cinématographique. À force de vouloir toucher le spectateur à tout prix, le film tombe dans les écueils du sentimental et de l’affect pur régulièrement.
Après le visionnage de quelques films sociaux, il me vient quelques pensées générales à partager sur cette catégorie. De mon point de vue, elle manque cruellement d’un renouveau sur la forme et notamment sur la narration : ce qui est inacceptable dans le réel en vient à devenir banal, normal au cinéma, à force des schémas classiques et traditionnels. Alors que la raison d’être de ces films est justement la visée inverse. Par ailleurs, la répétition de cette forme et l’abus incessant du pathos construisent sur le spectateur que je suis une armure face à l’horreur. Ces films ne me touchent plus. 120 Battements par minute relevait un peu le niveau rendant compte par sa réalisation de sa pugnacité, de sa combativité, jusqu’à essayer de la faire naître neuve dans le spectateur (et non re-sentir). Paradoxalement, les (bons) films de SF restent aujourd’hui de bien meilleurs films sociaux puisqu’en déployant l’avenir, ils sont une pédagogie du Présent (Et du Cinéma).
Quant à ce film, le chemin semble encore long pour réinventer le genre avec le social.

Comédie Française : En Liberté

À quelques exceptions, l’on passe généralement de bons moments devant une comédie, l’on rit, l’on s’attriste au quart de tour. En Liberté est ce genre de film bien fait, posé, construit en détournant un peu les horizons d’attentes du spectateur pour le surprendre. Mais honnêtement, c’est tout, et c’est dommage. Plutôt que d’aller au bout d’un discours subversif, les concepts et idées sont aplanis, désinfectés pour correspondre à un large public. À l’inverse, des phases de « To much », d’effets spéciaux à outrance, ratent aussi car vides de sens. C’est une déconnade… Une blague. Le titre même entache le mot Liberté, en faisant appel à un imaginaire, mais en le sabordant ensuite. En apparence une comédie qui se veut meilleure, intelligente, profonde, mais creuse à l’intérieur. En Liberté répète par ailleurs clichés et stéréotypes à tour de bras, sans jamais les dépasser suffisamment. Le cliché n’est démonté que pour atterrir sur un autre plus subtil et plus pervers encore.
Le genre au cinéma (et dans l’art) gagnerait peut-être à n’être qu’un prisme, qu’une manière d’atteindre quelque chose, et non se cantonner à lui-même. Face aux comédies, même si j’ai ri, je ressors des salles sur ma faim au mieux, quand je n’ai pas la sensation qu’on a essayé de me laver le cerveau, de m’abrutir. Sous prétexte de faire de l’accessible, du populaire, l’on fait du consensuel, et l’on élide toute création, tout renouveau cinématographique. Alors que même si le chemin est plus dur, plus long, ça n’est pas incompatible. En exemple, la SF…

ProchaineVieille sortie à ne pas rater rattraper !

Puisque la Science-Fiction me semblait être une solution à explorer pour combler ces quelques trous du cinéma, je vous invite à attendre fouiner sur Internet le film Assassination Nation (Sam Levinson) sortit dans trop peu de salles en 2018, qui avait remporté en ce mois de Novembre le Grand Prix du Jury Utopiales 2018. Indépendant hors norme, barré et déroutant, sur un genre populaire et conceptuel.


Parution originale : Blog des Ambassadeurs du Cinéma – Angers 400 Coups, Novembre 2018
https://ambassadeurscineangers.wordpress.com
Reposté sur Marchombre.Fr en 2024 (anté-posté) car le site original n’existe plus.

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