Utopiales 2025

Comme tous les ans, un petit billet pour faire le bilan des Utopiales !

logo Utopiales


Le festival international de science-fiction

Le festival des Utopiales est devenu au fil des années le festival de référence sur la science-fiction au niveau européen.

Il propose plusieurs expositions, un pôle ludique, sa librairie SF, un pôle jeux vidéo, une programmation cinéma, et une programmation dense en tables rondes et rencontres d’auteurs.

Le temps des Utopiales, c’est l’occasion de rencontrer ses auteurs favoris pour une discussion avec eux. Une dédicace. Mais aussi réfléchir sur des sujets de société en conférences, de pousser le genre de la littérature dans ses retranchements. Plus généralement, c’est l’occasion de s’enrichir au contact d’autrui, tant humainement qu’en culture SF.


Voir le festival côté presse

L’invitation presse nous a permis cette année d’effectuer l’interview de Rivers Solomon, l’étoile montante et très remarquée de la SF Afrofuturiste. L’interview paraîtra bientôt sur le site !

 

L’édition des Utopiales 2025

Affiche Utopiales 2025 Stéphanie HansAfin de structurer la programmation autour de problématiques plus précises, le festival donne depuis quelques années une thématique. Pour sa 26ème édition, le festival a choisi « Singularité ».

La thématique a permis par exemple de traiter largement les thématiques autour de l’IA / agents conversationnels / LLM et les enjeux sociétaux qu’elles génèrent.

Affiche 2025 de Stéphanie Hans


Expositions

Stéphanie Hans nous a régalés avec l’exposition d’entrée des Utopiales ; ayant travaillé pour un grand nombre de licences issues de la pop culture, on a pu observer ses dessins pour les licences de Star Wars, Marvel, DC, ou encore pour sa série DIE. Spécialiste des couvertures, on la retrouve également sur nombre de livres du groupe éditorial Hachette (Rageot, Syros etc.).

Stéphanie Hans Cover The Walking Dead

La seconde exposition “De chair et de Métal” était dédiée à Jorg de Vos, connu pour sa participation à Storm ou encore la nouvelle monture de Métal Hurlant, la revue BD de SF iconique. À l’aise avec le trompe-l’œil et les scènes d’ambiance, Jorg de Vos s’est fendu de peindre sous nos yeux et durant tout le festival une incroyable fresque.

Tables rondes

Au fur et à mesure des années, je m’aperçois que j’assiste à de moins en moins de conférences, car je suis plus sélectif, je choisis soigneusement autant les thématiques que les intervenants et modérateurs, en espérant que la table ronde ait le temps de faire plus qu’un bref tour de table et de présentation. Malgré souvent un sentiment que la conférence devient intéressante vers les 15 dernières minutes, on trouve toujours des petites perles.

Par exemple, dans les conférences Sciences en Résistances et Les Surprises du Réel : Trump et la Science, les intervenants ont ébauché le sujet du rapport des scientifiques aux attaques politiques qui leur sont faites.
On a également pu se régaler avec une super exploration des poésies sciences-fictives, réalisées par des auteurices plus ou moins proches de la Volte, luvan, Sabrina Calvo, Léo Henry  et Héloïse Brézillon.
Les Utopiales ont par ailleurs proposé un hommage à Ayerdhal, écrivain de SF engagé (Transparence, Rainbow Warrior, Sexomorphose) mort en 2015, avec son éditrice et Gilles Francescano, son ami et illustrateur. Au détour d’une table ronde dédiée, ce fut aussi l’occasion de rencontrer Christelle Dabos, l’autrice de La Passe-Miroir, de quoi se consoler d’une dédicace inenvisageable vu le monde.
Enfin, nous avons eu le droit à plusieurs conférences qui réfléchissaient autour des thématiques queer, des nouvelles formes de marginalités, de monstruosités, et des matriarcats. Une SF qui réfléchit autant le social que la technologie, tout ce qu’on aime !

Cinéma : Avant-premières et Rétro

Affiche Tamala 2030Tamala 2030, A Punk Cat in Dark

Dans le Cat-world, Tamala s’est entichée d’un cat-enquêteur qui cat-fouine autour du meurtre de 9 cats. Jusqu’à ce qu’elle en ait marre de jouer son rôle de gardienne des sacrifices…

Complètement barré, tant au niveau graphique qu’au niveau du scénario, ce reboot d’un vieux film de 2010 vaut vraiment le détour. On débute dans un monde banal de pauvreté pour finir en guerre cosmique contre la déesse de la cat-planète. Jouant avec les sub-cultures japonaises, le film restera déroutant pour de nombreux spectateurs.


ChaO

Petite mention ici pour ChaO, film japonais réécriture du célèbre Ponyo sur la Falaise de Hayao Miyazaki. Drôle, léger sans être niais, et bien réalisé, je n’ai pas vu le temps passer ! Cette réactualisation de Ponyo est bien fichue, avec un budget qui suit l’ambition de l’animation, parfait pour un film à voir en famille.

Yo Soy Frankelda

Affiche FrankeldaDans son orphelinat, Frankelda noie son chagrin et le rejet des autres dans l’écriture, jusqu’à tomber dans ses propres pages… Elle explore alors son propre imaginaire féérique et monstrueux, entre baroque et gothique, à la fois capillotracté et romantique.

Véritable ode à l’Imaginaire, Je suis Frankelda renoue avec l’idée que c’est parce qu’on y croit que certaines choses finissent par exister… Les thématiques sont fortes, réaffirmant le pouvoir de l’Imaginaire, et nourries par des effets de mises en abîme très satisfaisants. La technique est tout simplement ahurissante, un stop motion au budget infini, accordé par rien de moins que Guillermo Del Toro à une équipe mexicaine de passionnés.

Original à n’en pas douter une seconde, beau de poésie à en tomber raide dingue, cela faisait longtemps qu’un film ne m’avait pas fait cet effet ! Je suis Frankelda est une occasion à ne vraiment pas manquer lorsque viendra sa sortie en salle et VOD !

Prix littéraires

Les Utopiales décernent tous les ans de nombreux prix SF, voici les résultats !

  • Prix Utopiales 2025 : La Dernière Tentation de Judas, de Philippe Battaglia, Éd. L’Atalante
  • Prix Extraordinaire 2025 : Mireille Rivalland, éditrice de l’Atalante
  • Prix Utopiales Jeunesse 2025 : Nous, de Christelle Dabos, Éd. Gallimard jeunesse
  • Prix Julia Verlanger 2025 : Re:Start, de Katia Lanero Zamora
  • Compétition Internationale de Longs Métrages ; Prix du Jury : The Black Hole de Moonika Siimets

Retrouvez le palmarès complet sur le site des Utopiales.

Un prix Julia Verlanger remarqué :

Katia a pu réaliser lors de la cérémonie de remise des prix un discours très remarqué et engagé contre les violences et injonctions du patriarcat :

« Je n’ai pas demandé à vivre avec un Trouble du Comportement Alimentaire.

Il se pointe seul. Il suffit qu’à huit ans, un médecin condamne votre IMC de petite fille potelée. Il suffit qu’à seize ans, les normes de beauté vous disent qu’il faut pouvoir entrer dans un jean taille 34 pour exister. Il suffit qu’à vingt ans, votre gynécologue vous dise de vous « maîtriser », après avoir pris 2kg à cause de la pilule. Et puis, à trente ans, on vous recommande, pour votre santé, de perdre 10 kg, comme ça, alors que vous consultez pour un zona. Et puis, mon diiiieu, à 40 ans, les ombres de la périménopause vous prédisent une prise de poids incontrôlable.

Mais la solution à tout cela est très simple, il suffit de « manger moins » et de « bouger plus ». Si vous n’y arrivez pas, c’est que « vous ne le voulez pas vraiment ». Et boum TCA est là.

À chaque bouchée, à chaque gorgée. C’est un parasite qui vous ordonne sans cesse de vous rapprocher des standards de beauté, au détriment de ce qui nous rend humaines. Dans mon parcours, j’ai même dû faire la paix avec la nécessité la plus primaire pour survivre et comprendre que manger est essentiel.

Tout au long de ma déconstruction, j’ai compris que l’ambition de cette industrie de la beauté, qui est extrêmement juteuse, vise à une chose : nous maintenir dans une insécurité permanente en nous martelant sans cesse que ce sont nos corps les problèmes.

Après Re :Start, je me rends compte que nous sommes nombreuses et nombreux à vivre avec un TCA.

Je suis persuadée que nos politiques actuelles et passées sont très mal à l’aise avec la singularité. Parce que cela demande de s’adapter, d’être créatif et d’être à l’écoute des besoins différents de personnes uniques en leur genre. C’est beaucoup plus simple de régner sur des objets en manque de confiance en eux qui se croient illégitimes de réclamer des droits.

En étouffant dès la plus tendre enfance la confiance des femmes, on les prépare à accepter la médiocrité.

Alors merci à TCA, parce que ce long chemin m’a amenée à comprendre les violences structurelles à l’encontre de nos corps et la paresse de nos politiques qui, en agitant les marottes de la santé, réduisent le spectre pourtant infini de la beauté.

Cette robe a été portée dans un film par Rossy de Palma, l’actrice au talent incroyable et à la beauté SINGULIÈRE. Elle a dit : « La beauté est l’audace d’être soi-même ».

Aujourd’hui, j’aimerais que cette audace ne soit plus une résistance, mais une évidence. Qu’on puisse habiter nos corps sans permission.

Je dédie ce prix à toutes celles et ceux qui, comme moi, apprennent encore à se regarder sans se juger. »

Katia Lanero Zamora

Le prix n’est que juste récompense pour son engagement et la magnifique novella Re:Start qu’on a vraiment appréciée (par ici la critique).


Sources

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