Pêle-Mêle Ciné #4 : Mars Express, Wonka, Dune, Furiosa


Comme vous avez pu le voir avec l’ensemble de mes vieilles critiques reparues cet été, j’ai écumé durant mes études le cinéma qualifié « art & essai ». Mon année de cinéma 2023-2024 ne peut pas être plus à l’opposé, elle est sous le plein joug des blockbusters… Pour un tas de bonnes et mauvaises raisons. Le temps. Le prix. La flemme. J’ai eu assez la flemme de prendre le risque des petites productions, qui sont toujours un lancer de dé hasardeux. Et même dans les blockbusters, j’ai sélectionné… Et il faut dire que j’ai eu le nez creux, je ne suis pas déçu de mes choix, que des bons films !


Mars Express

Mars Express, c’est de l’excellente animation française, dans l’imaginaire SF qui plus est. À la fabrication, une équipe que l’on connaissait déjà pour un excellent travail : la série d’animation Lastman. Le réalisateur Jérémie Périn nous accompagne ici dans un space opera très bien rythmé. On y suit principalement deux femmes, la militante et hackeuse Roberta Williams, et la détective qui la poursuit ; le duo improbable se retrouve alors confronté aux projets peu louables des mégacorporations technologiques.

Mars Express, c’est non seulement une grande aventure, pleine d’humanité, d’actions et d’explosions, mais aussi un univers très dense, fouillé politiquement et riche, où se mêlent droits des robots, inégalités, violences policières. Le tout est servi par une animation à couper le souffle, des couleurs, architectures, aux mouvements des personnages. La BO, toujours signée Avril & Monthaye m’a moins marqué que celle de Lastman, cependant elle s’intègre à la perfection à l’univers, sert son propos et sublime de nombreux plans.

Wonka

J’ai toujours une frousse des suites de trop. Mais quand ce sont des projets qui sortent de l’ordinaire, il faut parfois se mouiller ; je n’avais par exemple pas été déçu par Joker ou Logan. Je ne pouvais que dire oui pour un Wonka sauce Chalamet, projet un peu fou de comédie musicale, mais pas si fou au regard des normes de déjanteries lunaires Roald-dalhiennes.

Et Wonka, alors que je n’en attendais même pas tant, est largement à la hauteur. Le film est bon, très bon, et se dévore comme du chocolat. Les chansons – et c’est toujours la crainte en comédie musicale – s’intègrent normalement à l’intrigue. Le film est bourré d’idées de réalisation, d’animations chouettes, de rebondissements. Entre saveurs chocolatées, embrigadement de girafes, amours de jeunesse manqués, il y en a pour tous les goûts, un tout plein d’inventivité qui n’a absolument pas à pâlir avec son prédécesseur Charlie et la Chocolaterie. Une même veine qui explore encore d’autres plans de cet univers, d’autres thématiques, et même en approfondissant le fond social déjà présent dans le film de Burton.
À propos de ce côté social, le film est à prendre au 36e degré, car il y va… franco frontal ; ce n’est pas l’absence de subtilité qui l’étouffe et cela a sûrement laissé des spectateurs en dehors ; mais cela marche très bien sur moi. Les riches en gros capitalistes outranciers et malfaisants ? Qu’à ne cela tienne, nos milliardaires ne sont pas plus subtils ! La police corrompue jusqu’à l’os pour des friandises ? Ridiculement essentialiste, mais finalement bien loin du niveau factuel de répression policière en réalité. La caricature volontairemenr naïve marche, car derrière cela touche une vérité de notre temps.

Wonka, c’est des rêves et de la magie plein les yeux, de l’espoir, du mouvement et de la vie, sans pour autant être abrutissant ou cache-misère des problèmes de société. Une confiserie parfaitement équilibrée !

Dune : Deuxième Partie

Affiche-DuneEn sortant du premier film, je m’étais dis « tiens, une très chouette introduction », sous-entendu, si Denis Villeneuve craque le deuxième film, il rate l’ensemble de l’adaptation de Dune. Et alors ? Verdict de ce second volet ?
Magistral.

Probablement que j’épiloguerai plus sur Dune quand je parlerai des inspirations de Pierre Bottero dans un article dédié… J’y serai peut-être encore plus dithyrambique ou au contraire plus critique, quand j’aurai lu les bouquins. En attendant, je me contenterai de dire que le film est excellent et de vous faire votre propre avis en allant le voir.

Furiosa

Je l’attendais avec impatience celui-là, après le [insérez ici le plus grand superlatif que vous trouverez] Fury Road, qui a déjà 9 ans, je ne pouvais être que re-hypé par le projet !
Furiosa est de la même trempe, du même souffle que Fury Road, et s’il souffre légèrement de la comparaison sur certains points, Furiosa est un film qui n’a pas à rougir : il est excellent. Vraiment.

Affiche FuriosaParmi les quelques points qui viennent relativiser le succès de ce mastodonte du cinéma, on peut citer la présence inutile d’une romance hétéro pour la générale Furiosa. En effet, on aurait pu s’attendre, après Fury Road et ses propos très explicites contre la domination de la classe patriarcale, à l’absence de romance tout court, ou du moins une romance lesbienne. Furiosa tombe quelque peu dans un « Not All Men » un peu décevant et contradictoire avec l’opus précédent.
Également, si les précédents Mad Max jouaient avec la notion de légende racontée, de vérités floues, Furiosa se place dans la rupture, proposant au contraire une cohérence limpide avec le film précédent. Cette thématique de mythe ne revient qu’une fois, abordée à la fin du film, et quelque peu évincée par un artifice peu subtil. But no spoil ! La fin reste incroyable, une image qui devrait vous rester en mémoire quelques temps…

Les fans de Mad Max ne seront pas dépaysés ; des scènes d’action toujours époustouflantes, débordantes d’imagination et de tension. Furiosa, comme Fury Road, vous tiendra en halène, le souffle court, plusieurs heures durant. Les moments plus verbeux sont soigneusement distillés pour ménager les effets d’une montée en puissance des enjeux. Malgré les années qui les séparent, le film n’apporte pas grand-chose de plus par rapport à son prédécesseur en terme de propos, on peut y voir une redite.
Cependant, Furiosa, malgré ses quelques défauts, relève significativement le niveau du cinéma de blockbuster occidental. Pour ceux qui ne se déplacent plus en salles, déçus, Furiosa est sans aucun doute un évènement qui sort le cinéma de sa torpeur habituelle.


Autres films vus cette année (septembre 2023 – juin 2024) :

Enola Holmes (2020) : Mouairf, politiquement très bof, pseudo-progressiste mais ça passe bien le temps.
The Wandering Earth 2 (2023) : Du grand spectacle overkillé (on en dit trois mots par ici).
La Ferme des Animaux (1954) : Un film très sous-côté, bien trop oublié. Jetez-y un œil.
Le Grand Magasin (2023) : Film de propagande capitaliste très cringe. J’en parle un peu plus longuement ici.
Beetlejuice (1988) : Un vrai régal. Le Tim Burton que j’aime.
Crimson Peak (2015) : Je rattrape des films comme ça, vraiment pas le meilleur de Guillermo Del Toro, mais ça reste mieux que l’actualité ciné.
Challengers (2024) : Ok bof. Très bien réalisé, excellents jeux d’acteurs mention Zendaya, mais n’a pas grand-chose à dire.

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