Critique : Boudicca – J-L. Del Socorro


Avec Boudicca, Jean-Laurent Del Socorro revient pour un deuxième roman historique après Royaume de Vent et de Colères. Une nouvelle figure féminine oubliée de l’Histoire est mise en lumière…

RésuméCouverture Boudicca

Boudicca, jeune fille noble, ne se contentera pas de jouer avec son destin de reine. Ayant pour tâche de maintenir la paix entre les clans Celtes, sa mission est compromise par l’arrivée des romains sur l’île Britannique. Elle devra faire face, sans cesse jongler entre résistances, compromis et révoltes ouvertes. Jusqu’au dilemme qu’elle choisira comme sien : vaincre ou mourir.

« Nous l’avions déjà deviné, mère. Tu portes ça en toi.
– La violence ?
– Non, l’insolence de vouloir vivre sans compromis.« 


Critique

Personnages

Jean-Laurent Del Socorro travaille toujours ses personnages avec finesse, Boudicca ne fait pas exception. Reine guerrière, Boudicca échappe aux clichés de l’héroïne badass dès les premières pages, qui la présentent comme une petite fille à la traîne dans son enseignement politique et militaire. Certes impulsive, parfois imprévisible, elle préfère finalement souvent une autre arme au tranchant efficace : la parole, la diplomatie, que lui enseigne son druide, Prydain.

Je vous laisse découvrir le reste de la galerie de personnages, qui souvent touchent juste dans leur construction, leurs paroles, leurs erreurs et sagesses.

Boudicca, un vent de révolte dans l’air…

La lutte contre les romains prend un autre sens avec Jean-Laurent Del Socorro, une lutte bien sûr contre une domination colonialiste, mais aussi une lutte pour préserver des droits acquis. Pour préserver notamment cet équilibre qui avait été créé entre féminin et masculin chez les peuples Celtes, où les femmes portent autant les armes que les hommes, et les hommes autant les tâches quotidiennes ou des champs que les femmes. Où la polygamie est pratique encouragée. C’est une confrontation avec la culture romaine, où le patriarcat est base sociale.

Boudicca, c’est aussi un amour de la résistance, de la révolte face à l’autorité, ou plus simplement un amour de la liberté.

Magie

Roman historique bien sûr, mais aussi de l’Imaginaire, sans aucun doute… Les druides, acteurs politiques majeurs de la rébellion, sont aussi porteurs d’une magie ancestrale qui imprègne en petites touches le récit. Jamais miraculeuse, rarement grandiose, la magie sert plus à convaincre les hommes, à les faire grandir, qu’à accomplir à leur place une quelconque tâche. Chez Jean-Laurent Del Socorro, la magie ne change pas l’Histoire, mais le cœur des hommes, une subtilité tout à son honneur.

Narration

Par ailleurs, le roman m’a laissé une sensation d’inachevé, en passant les passages les plus épiques de la rébellion de Boudicca, comme la destruction des principales villes romaines : Camulodunum et Londinium. Cependant, l’intérêt du roman se révèle justement dans son caractère interstitiel plutôt que dans le récit des grands moments de l’Histoire. Le rythme est prenant, les dialogues ciselés, et l’action au rendez-vous. Aucune longue description historique ne brise la lecture, pour un plaisir certain.

In fine

Jouant avec les faits historiques, J-L Del Socorro s’infiltre dans les trous de l’histoire pour les combler de son imagination et proposer une lecture moderne d’événements vieux de mille ans.

Références

  • Boudicca, Jean-Laurent Del Socorro
  • ActuSF
  • Première parution : 6 avril 2017
  • 978-2376862635
  • 20€ / 306 pages

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