Le Chaos en Marche est une trilogie de science-fiction dystopique à grand succès écrite par Patrick Ness, auteur américain, qui a remporté de nombreux prix littéraires tels que le Booktrust Teenage Prize et le Guardian Award en 2008.
Résumé
La trilogie Le Chaos en Marche dépeint un monde futuriste dans lequel des colons, partis en quête d’une nouvelle terre sur laquelle s’établir, atterrissent sur une planète apparemment paradisiaque. Un problème apparaît alors très vite : le Bruit. Sur Nouveau Monde, rien ne peut être secret ; les pensées des gens sont bruyantes et il est impossible de ne pas les entendre. Même les animaux pensent à voix haute, le Bruit est partout. Des années plus tard, alors que toutes les femmes ont mystérieusement disparu à la suite d’un dramatique événement, Todd, un jeune garçon né sur cette planète, découvre un vaisseau spatial récemment écrasé et entend pour la première fois de sa vie le silence. Dès lors, il plonge dans une course-poursuite vers l’inconnu et découvre peu à peu les secrets de la colonisation de Nouveau Monde…
Critique
L’un des points forts du roman, remarquable dès le début du premier tome, est la maîtrise du style d’écriture, parfaitement adapté au roman. Un style fatiguant à lire, qui ne nous laisse aucun répit. Bourré de répétitions et manquant de virgules, truffé de fautes d’orthographe volontaires (le narrateur est un gamin de 12 ans analphabète), il reste lisible et permet de nous plonger en plein dans l’ambiance de l’univers avec le Bruit comme élément central.
« Le Bruit, c’est du bruit. Ça craque et ça crépite et ça finit généralement par une grande purée de sons et de pensées et d’images, et la moitié du temps, impossible d’y comprendre quelque chose. L’esprit des hommes est rien qu’un fouillis et le Bruit, c’est comme la version active, respirante de ce fouillis. C’est ce qui est vrai et ce qui est cru et ce qui est imaginé et ce qui est rêvé, et ça dit une chose et son contraire total en même temps, et même si la vérité s’y trouve forcément, comment faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas quand vous captez tout, absolument tout ? Le Bruit, c’est un homme non filtré, et sans filtre, un homme, c’est rien qu’un chaos sur pattes. »
La lecture n’est donc pas forcément agréable mais l’immersion est complète et ce choix d’écriture risqué montre un réel investissement de la part de l’auteur.
Un autre point fort notable de la saga, c’est le réalisme et la complexité des personnages et de leurs relations. L’auteur arrive à mettre en place petit à petit des relations de manipulation, mais aussi des relations de forte confiance qui dans les deux cas évoluent petit à petit avec réalisme et sans précipitation.
L’auteur nous dépeint aussi un paysage politique totalitariste d’un côté et révolutionnaire de l’autre, tout en critiquant des deux côtés les abus de pouvoir de sorte à rendre très difficile pour le lecteur ou la lectrice de prendre parti. Iel se retrouve avec le même sentiment d’impuissance que les personnages principaux face à la situation qui empire, ce qui n’est pas sans rappeler le sentiment d’impuissance qui nous envahit parfois face aux actualités modernes.
Conclusion :
Si la saga se démarque beaucoup par l’originalité de l’univers qu’elle met en place, le dernier tome n’échappe malgré tout pas à certains schémas déjà vus et revus dans de nombreuses fictions, avec des twists largement prévisibles et des répétitions sur la longueur. Elle reste finalement une trilogie marquante par son histoire et son style d’écriture particulier qui saura plaire à de nombreux lecteurs.
Sources :
- Notre critique du premier tome en anglais
- La trilogie du Chaos en Marche, Patrick Ness, Éditions Gallimard Folio SF, 2009-2011
(La Voix du Couteau, Le Cercle et la Flèche, et La Guerre du Bruit)
ISBN du premier tome : 978-2-07-045941-4 (2014) - Retrouvez le blog de l’auteur.