Imaginales 2021

Les Imaginales d’Épinal, LE festival fantasy

Présentation des Imaginales

Les Imaginales, c’est le festival fantasy français, et second festival de l’imaginaire après les Utopiales en France. Comme ce dernier, le festival comporte une dimension internationale, avec l’invitation d’auteurs étrangers. La création du festival remonte à 2002, le plaçant parmi les premiers festivals d’imaginaires sur le territoire, il est gratuit depuis 2006. En 2019, il accueillait près 45 000 visiteurs.
Situé à Épinal, le festival profite de la Moselle comme cadre naturel accueillant, et bien sûr de l’imaginaire entourant les « images d’Épinal », des images généralement simples reprenant des thèmes et sujets populaires.

Le festival propose un grand nombre de conférences sur les littératures de l’imaginaire, de grands emplacements de dédicaces avec les auteurs invités, quelques projections cinéma, son prix littéraire, ainsi que des expositions.
Les Imaginales, c’est aussi une part importante laissée à la réflexion historique, au devoir de mémoire grâce à de nombreuses associations mettant en avant le patrimoine historique. Par ailleurs, le festival propose aussi un volet ésotérique et maçonnique peu connu du grand public.

En 2002, les littératures de l’Imaginaire n’étaient pas aussi développées et consacrées qu’aujourd’hui, beaucoup de lecteurs, universitaires ou relais dans les médias décriaient cette littérature de genre, la présentant comme une sous-culture. Le festival a beaucoup contribué à la démocratisation de la littérature de genre, en proposant une réflexion avec les auteurs ainsi qu’une information sérieuse à son sujet.

Très convivial, il permet de rencontrer simplement les auteurs, et de partager dans une ambiance chaleureuse au mois de mai sur l’écriture et l’imaginaire.

Enfin, les Imaginales, c’était le festival de cœur de Pierre Bottero, où il venait régulièrement et où des hommages lui ont été rendus après sa mort.

Voir le festival de l’intérieur

Le festival est habituellement un festival chaleureux, où rencontrer les auteurs est une chose facile, malgré la taille de l’événement qui reste conséquent. Il ne faut pas hésiter à prolonger les soirées aux bars, que les intervenants assaillent le soir.
Ces moments donnent l’occasion d’entendre les « off » du festival, des propos non-tenus publiquement pour diverses raisons, des voix parfois révoltées, des idées de projets…

L’édition des Imaginales 2021

La thématique : Frontières

Chaque année une thématique est donnée, afin de proposer un fil rouge à suivre (ou non) tout au long du festival sur un ensemble de conférences. Cette année, le thème « Frontières » a été sélectionné, renvoyant à de multiples symboliques ; frontières du corps, frontières géographiques, frontières entre les mondes… La polysémie a permis un riche échange des auteurs sur leurs différentes approches de la notion. Et notamment une dimension politique, sur la frontière entre les classes sociales, entre des populations qui ne se côtoient plus malgré une proximité géographique, entre des populations qu’on sépare dans la ville en mettant les classes les plus pauvres au banc.

Un pays à l’honneur, cette année, la Russie, avec l’invitation d’auteurs de ce pays, l’occasion pour eux de nous présenter un panorama de la création là-bas, avec notamment un état des lieux de la BD russe.

Un festival éclaté…

Habituellement en début du mois de mai, le festival a été cette année reporté début octobre (14 au 17) à cause de la situation sanitaire liée au Covid19. Le pass sanitaire, ainsi que la présence de jauges étaient obligatoires pour rentrer dans les lieux fermés (conférences, projections, dédicaces..) qui constituent la majorité de la programmation. Ces dates inhabituelles et restrictions n’ont pas manqué de faire une édition à l’audience très réduite. De plus, à cause notamment de la fête foraine présente en octobre au Parc du Cours, le festival a été éclaté dans le reste d’Épinal, faisant courir visiteurs et intervenants  à travers la ville entre les événements… faisant de cette édition un moment parfois sportif !
Là où le passage était auparavant assuré pour les petits stands, les petits éditeurs, artisans, associations ou intervenants, l’éclatement du festival a plus invisibilisé ces derniers par rapport aux années précédentes. Double peine, le froid d’octobre avoisinant le zéro le matin en a fait frissonner plus d’un sur les petits stands…

Les moments forts du festival

Pour en finir avec le sexisme dans l’édition…

Sans contestation possible, le moment fort du festival revient aux deux conférences liées au sexisme dans le milieu littéraire et aux représentations féminines. L’affaire Stéphane Marsan (ancien directeur des éditions Bragelonne) étant au cœur des sujets, une affaire pour rappel d’agressions sexuelles et de sexisme ayant rythmé l’actualité du printemps dernier. Les autrices, pour plusieurs concernées personnellement et en recours juridique, sont revenues publiquement sur cette affaire, exprimant leurs points de vue, et revenant sur le rôle complaisant de l’organisation du festival à l’égard de Bragelonne.

L’occasion aussi pour les autrices (Estelle Faye en tête) de souligner que c’est tout un système à abattre, un sexisme ambiant dans les milieux éditoriaux qui profite de la précarité des autrices et notamment des plus jeunes. L’occasion encore de souligner l’inégalité entre auteurs et autrices, leur précarité, un milieu commercial qui favorise toujours des auteurs masculins dans la promotion des livres en librairie, notamment en fantasy adulte.
Et l’occasion enfin de souligner la recherche sur la représentation du féminin en littérature, l’évolution des représentations des genres, avec notamment la présentation de After (Auriane Velten), un roman agenré. Ou encore d’autres romans où les genres sont redéfinis avec de nouveaux traits, plus fins et complexes, plus éloignés de l’héroïne badass clichée ou encore des représentations masculinistes toxiques.

De gauche à l’autre gauche : Anne Besson, Jean-Laurent Del Socorro, Christelle Dabos, Célia Flaux, Estelle Faye.

Anne Besson, une présence universitaire

Depuis plusieurs années, Anne Besson participe activement aux Imaginales, et y apporte son œil critique d’universitaire. Pour ceux qui ne la connaissent pas, elle est enseignante-chercheuse à l’université. Son travail est une référence pour tous les masterants et doctorants en littérature de l’Imaginaire. Elle est aussi directrice de plusieurs étudiants en thèse, et enfin dirige les anthologies d’essais des colloques des Imaginales (2019 : Fantasy & Histoire, 2020 : Games Of Thrones).

Son regard oblige régulièrement les intervenants a toujours replacer une œuvre dans son contexte, dans un ensemble d’œuvres, comme un rappel de l’histoire littéraire.

Le Prix Imaginales

Créé en mai 2002 à l’initiative de la Ville d’Épinal, le Prix Imaginales est le premier prix exclusivement consacré à la fantasy en France.

Le jury 2021 :

Jacques GRASSER (président et adjoint au maire), Victor BATTAGGION (Historia), Lloyd CHÉRY (Le Point, Les Inrockuptibles), Christophe de JERPHANION, Frédérique ROUSSEL (Libération), Natacha VAS-DEYRES (université de Bordeaux Montaigne), Stéphane WIESER (directeur du festival).

Les récompenses :
  • Roman francophone : Thecel par Léo Henry,
  • Roman étranger traduit : Kra par John Crowley,
  • Jeunesse :  Akata Witch par Nnedi Okorafor,
  • Illustrations :  Alan Lee, pour son livre Cahier de croquis du hobbit (d’après J. R. R. Tolkien),
  • Nouvelles : Bienvenue à Sturkeyville par Bob Leman,
  • Album :  Balbuzar, le pirate aux oiseaux, par Fréderic Pillot et Gérard Moncomble,
  • Bandes dessinées : Première Née (Les Ogres-Dieux T4), par Hubert et Bertrand Gatignol,
  • Prix spécial du jury : La Grande Aventure du jeu de rôle, Julien Pirou.
Les autres prix :
  • Prix Imaginales des écoliers : Panique à Gémelia de Betty Piccioli,
  • Le Prix Imaginales des collégiens : L’Héliotrope (Steam Sailors T1), S. GREEN,
  • Prix Imaginales des lycéens : Rouge, Pascaline NOLOT,
  • Prix Imaginales des bibliothécaires : Les Hurleuses (Vaisseau d’Arcane T1) par Adrien Tomas.

Soirée Dune

Au devant de toutes les actualités dans l’Imaginaire, vous n’avez pas pu manquer l’engouement nouveau autour du vieux (et poussiéreux ?) Dune, de Frank Herbert. À l’occasion du festival, Lloyd Chéry, journaliste et pigiste de l’imaginaire, directeur du Mook Dune, a présenté lors de sa projection le Dune de Denis Villeneuve, dernière adaptation au cinéma du classique de science-fiction.

Communautés littéraires

Plus particulièrement pour nous, marchombre.fr, le festival fût l’occasion d’échanger avec les lecteurs et particulièrement d’autres communautés de lecteurs. La conférence « Les Communautés de fans et leur rôle en fantasy » nous a permis d’entendre les problématiques que traversent les autres grosses communautés de lecteurs, La Gazette du Sorcier (Harry Potter), La Garde de Nuit (Pour GoT et G.R.R. Martin). Ces associations fournissant un travail d’exégèse similaire au notre, et modérant des espaces d’échanges tout aussi comparables.


Sources

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