China Miéville est sans conteste un grand écrivain de l’Imaginaire, sachant jouer avec brio avec les mots. Mais avant tout, c’est l’ingéniosité de son univers et la profondeur des concepts qu’il crée qui fait de lui un maître de la new weird, un genre de l’imaginaire qui va à l’encontre de toutes les règles et brise les frontières des genres. Les derniers jours du Nouveau Paris plongera le lecteur dans un de ces univers troubles.
L’histoire
Avec Les derniers jours du Nouveau Paris, China Miéville propose une novella qui prend part dans une ville surréaliste des années 1950. Toujours sous l’emprise du régime nazi, Paris est occupée et en proie à de nombreuses luttes. China Miéville propose ici un roman très éloigné de ses autres livres, qui se déroulent dans des univers plus imaginaires. On retrouve ici un monde confronté à l’art surréaliste, le livre tourne autour de la force du surréalisme et en sera une réelle ode. En fin de texte, toutes les œuvres évoquées sont indiquées, avec quelques notes.
L’art prend ici forme réelle, devient vivant et se retrouve engagé dans un combat qui met face à face les résistants et les nazis. China Miéville dépeint ces œuvres d’art comme des créatures réelles. Hantant les rues d’une ville détruite par la guerre, qui fait encore rage. S’affrontent alors les humains, mais aussi des démons et bien sûr de nombreuses productions artistiques, appelées « manifs » ou « manifestations ».
Le livre met en lumière deux destins, à deux époques bien distinctes : Thibaut pour les années 1950 et Jack Parsons en 1941. Ces deux destins sont liés de manière inexorable, mais le scénario sera avant tout particulièrement centré sur Thibaut. Le second axe, lui, apportera des informations indispensables pour comprendre et appréhender cette novella. Ainsi, Thibaut se retrouvera malgré lui dans une intrigue qui ne le concerne pas, avec, en jeu, la guerre elle-même.
Critique
Habituellement, le travail de China Miéville est impressionnant par sa profondeur et la qualité de son écriture. Cependant, cette nouvelle paraît assez brouillonne à côté de ses autres romans. La contemplation des œuvres noie le lecteur, de par leur grande profusion et la grande difficulté de décrire l’art surréaliste. Cela implique donc de longues descriptions, qui oscillent entre précision et flou total. Hors, la profusion d’œuvres dans cette nouvelle est trop importante pour réussir à suivre le fil. Au final, on se retrouve noyé dans un monde que l’on a du mal à appréhender sans connaître toutes les références, et le scénario passe au second plan.
Les amateurs de new weird seront contentés par un univers qui tient la route et propose, encore une fois, une abolition des frontières de l’Imaginaire, mais il est nécessaire d’être un minimum à l’aise avec le genre. Pour les néophytes, le livre n’est pas forcément idéal pour découvrir ce genre si spécial.
En conclusion, ce livre est intéressant à lire en complément de la découverte des œuvres surréalistes, pour se plonger un peu plus dans cet univers si spécial. Cependant, il ne s’agit pas d’un roman qui marquera autant que les autres romans de China Miéville.
Références
Les derniers jours du nouveau Paris – China Miéville
Au Diable Vauvert
ISBN : 979-10-307-0230-9
Prix : 20,00€
Pages : 272