(HS : Il s’agit ici d’un point de vue strictement personnel vis-à-vis de la Voie et à aucun moment son auteur ne le considère comme un élément immuable, absolu, intellectuel ou comme un simple exemple. L’auteur de cet article ne veut pas avoir la prétention d’indiquer quelque élément concernant la Voie ni qu’il faille le suivre.)
Prendre son temps
Avez-vous déjà pensé à décomposer cette expression ?
Les marchombres sont des êtres libres et pour parvenir à cette fin, il semblerait important d’avoir conscience de son environnement et des outils dont on dispose.
L’un d’eux est le temps. La perception temporelle paraît très prisée et maîtrisée par les normes sociales ; une grande majorité des individus vivant en société a déjà été hâtée, précipitée ou contrainte d’attendre, alerte de ce commun accord sur la mesure et l’administration du temps.
Le temps est une des rares énigmes qui se donnent mais ne reviennent jamais. Est-il possible d’être libre de son temps ? Car, oui, il s’agit de ton temps et tu es le seul à savoir comment conjuguer les verbes qui qualifieront tes mouvements sur la Voie. C’est en faisant 200km à pied que je me suis rendue compte à quel point la vitesse imposée par la société était criarde.
« – Oh, mais nous avons plein de temps libre !
– Du temps libre, oui. Mais du temps pour réfléchir ? Si vous ne conduisez pas à cent cinquante à l’heure, une vitesse à laquelle vous ne pouvez penser à rien d’autre qu’au danger, vous jouez je ne sais quoi ou restez assis dans une pièce où il vous est impossible de discuter avec les quatre murs du téléviseur. Pourquoi ? Le téléviseur est « réel ». Il est là, il a de la dimension. Il vous dit quoi penser, vous hurle à la figure. Il doit avoir raison, tant il paraît avoir raison. Il vous précipite si vite vers ses propres conclusions que votre esprit n’a pas le temps de s’écrier : » Quelle idiotie ! » »Fahrenheit 451 de Ray Bradbury
Et maintenant ?…
Le marchombre se joue des normes et des barrières imposées par la société. Son temps lui appartient à lui, et à lui seul. Douce dissidence que de savoir utiliser le temps à son avantage.
Savoir apprécier la lenteur dans un monde de vitesse semblerait être un premier pas pour apprivoiser son temps. Prendre le temps d’observer, de réfléchir, de voir ce qui nous est dissimulé par la vitesse. Ensuite, expérimenter, encore et toujours, vers le progrès. Récupérer ce temps qui nous est volé par le système en réfléchissant au lieu de succomber au plaisir immédiat afin de gagner en autonomie et en esprit critique.
Est-ce encore réellement ton temps si tu es toujours tiraillé dans la contrainte ?
« Alors, à quoi bon rêver, penser, méditer, ruminer des fictions de papier à l’heure où, selon le questionnaire que vous m’avez adressé, « les images dominent » ? Les images ne dominent pas. C’est la facilité qui domine. »
Philippe Adam, Revue Papier numéro 28
Lors de mon bivouac de neuf jours, ma sédentarité a pris une grosse claque. J’étais tellement habitué à ce qu’on me dise que faire, où aller, quand. Être libre de son temps est une expérience enrichissante qui peut être très intéressante à travailler au quotidien. Simplement, par exemple, savoir apprécier de se déplacer à pied. Favoriser un rapport social à un écran. Privilégier ce qui est enrichissant à ce qui est rapide et empreint de plaisir immédiat est plus difficile, parfois moins naturel, mais permettrait de progresser davantage.
La Voie des marchombres n’est jamais la voie la plus facile et la plus rapide.
L’occasion est à l’expérience, le temps est à l’abstinence.