Je profite de l’été pour reposter de vieilles critiques ciné… Si ça peut donner des idées de films à voir =).
Minis Billets du Cinéma / Pêle-mêle
21 Novembre 2018
Célébration d’Olivier Meyrou
Célébration entre au cœur de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent ; en filmant les créateurs de la haute couture française dans leur intimité. Le documentaire, qui est un genre risqué, peine souvent à se réapproprier les codes du cinéma de genre, mais ici, Célébration se révèle être cas d’école sur les manières de raconter une histoire. Le cadrage, la narration et l’usage réfléchi du noir et du blanc font entrer le spectateur dans cette fin d’aventure de la fondation. Plutôt osé sur le thème, il s’agit avant tout pour le réalisateur de « Raconter une histoire humaine ». Cependant, même si cette aventure humaine, en compagnie du génie distant Yves-Saint-Laurent, est exceptionnelle, l’arrière-fond de ce milieu protéiforme se révèle plus complexe qu’un simple milieu de création. En effet, la haute couture présentée par le réalisateur est à la fois ce lieu pur de création artistique, mais aussi (pour un spectateur qui s’accroche à l’implicite, aux non-dits), au milieu des apparences, des illusions, gangrené par l’argent.
Célébration, malgré toutes ses qualités, pose la question du documentaire de commande. Le film contribue à l’élaboration d’un véritable mythe, quasi religieux autour d’Yves Saint-Laurent, alors qu’un engagement plus critique et plus politique aurait complété plus justement l’aventure humaine et artistique. Sans rentrer dans le débat de « l’objectivité vs subjectivité », il faut au moins se poser la question du public visé ; Célébration est élitiste et s’adresse à un public plutôt de droite (même si une petite porte est ouverte à la critique sociale et politique). Au final, on sent qu’il est difficile pour le film de remettre en question les choix de la Fondation, d’être critique. Mais Célébration a déjà le mérite d’exister, et ça n’est pas rien.
Perfect d’Eddie Alcazar, Mars 2018
Ayant commis un meurtre, un gosse de riche est envoyé dans une clinique quelque peu étrange. Se soigner consiste à changer les parties de son corps, peu à peu, afin de remplacer les pièces défectueuses et à terme, atteindre la «perfection» avec des pièces plus pures. Film d’anticipation choquant, le désir humain y est décortiqué afin de montrer les dérives des réponses technologiques. Par un prisme fantastique, Perfect, fait éprouver au spectateur un rejet viscéral de l’idéal et du corps « améliorés ». Avec de mauvais jeu de mot, le film n’est pas parfait non-plus, attendez-vous à quelques longueurs et répétitions : Perfect aurait gagné à être d’un format plus court.
Sans doute pas autant novateur qu’un Blade Runner sur l’anticipation, Perfect n’en est pas moins juste, et renouvelle par ailleurs fortement les outils narratifs, avec un mélange des genres.
Hellraiser II, de Tony Randel, 1988.
Les critiques traditionnelles ont souvent déconsidéré le cinéma d’horreur, dommage, c’est passer à côté des merveilles que propose le genre. Genre de l’imaginaire par excellence, l’Horreur déploie sans tabous, sans limites les inavoués et les refoulés de l’Humain. Sous prétexte d’emmener ses personnages dans une dimension démoniaque, Hellraiser II emporte le spectateur dans des paysages intérieurs profonds. Le film révèle dans le grandiose les méandres de l’intériorité ; personnages et spectateurs sont perdus dans l’immensité d’une métaphore du labyrinthe. Ce dernier aborde l’esprit dans sa complexité. Sortir du dédale de l’horreur peut alors devenir un combat pour vaincre quelques démons intérieurs.
Hellraiser II, sans être le film de tous les temps, montre une alternative, une altérité pure dont le cinéma a besoin pour se renouveler. Dans le microcosme de l’Horreur, il est simplement devenu un film culte.
Parution originale : Blog des Ambassadeurs du Cinéma – Angers 400 Coups, Novembre 2018
https://ambassadeurscineangers.wordpress.com
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