Les Aigles de Vishan Lour, Oneshot de Pierre Bottero
Genèse
Les Aigles de Vishan Lour est un court texte de Pierre Bottero, un peu plus long qu’une longue nouvelle. Il est originalement publié dans le hors-série spécial fantasy de la revue jeunesse Je bouquine (Novembre 2005). Claudine Bottero affirme dans la préface de l’édition Rageot, publiée le 11 Septembre 2019, avoir retrouvé ce texte en 2018, et souhaité le voir paraître avec le reste de l’œuvre de Pierre.
L’Histoire
Plume, jeune fille en galère dans la ville d’AnÓcour, vit de ses larcins au sein d’une petite bande qui élève au rang d’art la furtivité et la discrétion… et dont les membres se nomment eux-mêmes les Ombres. Au détour d’une palpitante aventure, elle rencontre un écuyer Chevalier du Vent, Estéblan, auquel elle sauve la vie. Ce dernier, issu d’une éducation des plus rigoureuses, ne sait pas comment gérer la dette qu’il doit à la voleuse… Ils vont devoir apprendre à se connaître afin d’échapper aux embûches que leur réserve le monde.
(Couverture de l’édition Rageot)
Critique
C’est (toujours) avec une émotion particulière que l’on replonge dans un texte de Pierre Bottero. Et dès les premiers mots, c’est un frisson qui nous envahit. Il est là. Tellement là. Derrière cette poésie, derrière ce rythme, derrière ses phrases à portes.
Sur de nombreux points, Les Aigles de Vishan Lour se situe dans la continuité de l’Autre, notamment de par ses thèmes et sa structure. On retrouve la rencontre des opposés, de la différence, le thème de l’épreuve initiatique, du combat sur soi. (Continuité aussi peut-être même avec le Cycle de Gwendalavir, les Doués sont-ils liés aux Dessinateurs ?) Mais sur bien d’autres points, on peut déjà y voir un prototype du Pacte des Marchombres. Le vocabulaire de la trilogie se met place, avec ses thèmes iconiques ; la liberté, le vol, l’Envol, le lien aux autres. Tant de questions posées comme des bombes de sens dans ce court texte, et qui seront déployées en profondeur dans Le Pacte.
Quelquefois, quand on prend un peu de recul avec l’inconditionnel amour qui nous lie avec les textes de Pierre, on trouve tout de même quelques maladresses. Une structure certes bien architecturée, mais aux ressorts très visibles, et parfois lourds, avec notamment une fin deus ex machina qui a quelque peu déçu. On peut aussi citer un paysage très stéréotypé, de l’univers aux personnages, auquel le rajout a posteriori d’une complexité n’est pas toujours fait en finesse.
Malgré cela, Les Aigles de Vishan Lour gardent ce qui fait toutes les richesses de l’auteur. Un texte réalisé pour la jeunesse, fabriqué pour l’épanouir et non pour l’abrutir. On y retrouve comme dans le Pacte une lecture plus adulte, qui tend à l’universalité. Et enfin un style qui jongle entre humour et poésie, reconnaissable entre mille.
Références
Édition |
Bayard 2005 |
Bayard 2015 | Rageot, 2019 |
Collection : – Date de sortie : ISSN/ISBN : Prix neuf : Illustrations : |
– Revue Je Bouquine N°261 HS Fantasy Novembre 2005 M 01921 6,50€ Armel Gaulme |
Revue Je Bouquine N°377 – Juillet 2015 / / Armel Gaulme |
Grand Format – 11/09/2019 978-2700273861 12€ François Roca |
Couvertures |
Sources :
- Revue jebouquine.com , groupe Bayard.
- Le site de Rageot.
- La préface de l’édition Rageot, de Claudine Bottero et le livre bien sûr.
En relisant les Âmes Croisées, j’ai noté un parallèle flagrant dans l’onomastique des noms de villes entre les deux livres : AnOcour et AnkNor. Cette similitude de construction me laisse penser que ce texte se passe dans le Monde de Nawel, derrière l’une des portes de Fer, et que AnOcour est l’une des 12 villes connues ce monde.
Ce texte a été écrit bien avant les Âmes Croisées, et est le seul de Fantasy à se dérouler dans un univers parallèle qui ne serait pas lié à Gwendalavir ; je soupçonne Pierre Bottero d’avoir raccroché un wagon de plus dans un soucis de cohérence de son oeuvre littéraire ! Surtout que philosophiquement et stylistiquement parlant, Les Aigles de Vishan Lour sont le prototype, l’ancêtre directe du Pacte des Marchombres.
Ayant prit en compte cet élément m’ayant échappé lors de ma première lecture, je re-classe désormais ce livre dans Le Cycle de l’Ailleurs / Gwendalavir.
Cependant, je le laisserait aussi planer en Hors Cycle, car malgré ces éléments, sa construction relève plus de la grosse nouvelle que du roman, est à destination d’un plus jeune publique, et globalement donne une impression plus similaire aux autres textes Hors Cycle qu’à du Ewilan ou Ellana.
Et en même temps, on ne peut pas dire qu’Isayama et Le Chant du Troll, explicitement dans le cycle, ressemblent à du Ewilan ou Ellana…