Christopher Paolini présente Idéalis : À la lueur d’une étoile inconnue une décennie après la fin de son célèbre cycle de L’Héritage : Eragon. Il s’engage loin de la fantasy en proposant un roman de science-fiction pour jeunes adultes, sous la forme d’un space opera épique et mortel.
L’histoire
Kira est une xénobiologiste passionnée, en mission pour assurer la viabilité d’une planète en vue de sa colonisation. Elle peut enfin disposer d’un peu de temps avec son compagnon, Alan, géologue, envoyé aux quatre coins du système afin d’étudier les différents astres. Mais, lorsqu’une panne se déclenche sur un drone, Kira se voit obligée de retourner sur place. Se hâtant ainsi, elle tombera sur une formation rocheuse particulière. Kira met malgré elle le doigt sur un engrenage complexe qui la dépassera totalement.
Critique
Construction
Christopher Paolini annonce d’entrée de jeu le ton de son roman : « plein de vaisseaux spatiaux, de lasers et d’aliens« , et il respecte son engagement. Digne du space opera, à la manière des films de science-fiction à grand succès, il ne laisse aucun répit à l’auditoire. L’intrigue commence doucement, posant les bases nécessaires à la compréhension. Le livre se dévoile petit à petit, avant d’accélérer le rythme au fil des pages. En effet, la narration et l’univers prennent de l’épaisseur rapidement, quitte à noyer le lecteur.
Seulement, si Idéalis propose un scénario entremêlé de trames profondes, mettant en scène de multiples personnages, la direction du livre n’est pas toujours évidente. Comme l’explique lui-même l’auteur dans sa postface, la difficulté de mettre en place tout un cycle (et ses événements à venir dans les prochains livres), se fait ressentir avec parfois des fractures entre les différentes parties voire entre certains chapitres. L’intrigue en devient déséquilibrée, notamment avec l’accélération des événements dans les dernières pages, ainsi que de très nombreuses révélations.
Écriture
Avec Idéalis, Christopher Paolini propose une écriture visuelle et profondément descriptive. Les environnements comme les sensations sont retranscrits avec de nombreux détails, qui permettent un rendu presque cinématographique des différentes scènes. Mais cela implique quelques travers, comme des descriptions longues et répétitives. Cette envie de reporter si justement les perceptions de Kira conduit jusqu’au malaise : lorsque celle-ci vomit, l’auteur dépeint plusieurs fois son odorat et son goût, poussant occasionnellement jusqu’au dégoût. D’autres scènes de violence ou de blessures sont régulièrement retransmises de cette façon au fil des pages. Brutal dans son scénario, Idéalis l’est également dans sa manière de décrire les événements, sans prendre de pincettes, plongeant le lecteur au cœur même de l’action.
Conclusion
À la lueur d’une étoile inconnue est un long roman de space opera classique, avec un scénario explosif et intense. Mais Idéalis en devient à certains moments trop ambitieux, de par sa volonté de proposer en un tome un univers aux ramifications des plus complexes. Le lecteur ne peut disposer d’aucun répit et croule parfois sous la densité d’informations données. Destiné aux amateurs plutôt qu’aux novices en science-fiction, Idéalis est un roman profond qui entame un cycle très vaste.
Références
Christopher Paolini, Idéalis : À la lueur d’une étoile inconnue
Bayard jeunesse
14/10/2020
979-1-0363-2506-9
19,90€
848 pages