Critique (Docu) : Pirates de tous les pays – Marcus Rediker


Pirates de tous les pays raconte l’âge d’or de la piraterie de ses origines à sa chute. Accessible et complet, il est une entrée en matière intéressante, aussi bien pour découvrir les contextes politiques et humains de ce mouvement social, que pour peupler nos imaginaires par leur quête de liberté.

Auteur

Né en 1951, Marcus Rediker est professeur d’histoire spécialisé dans l’étude des mers. Il a participé a de nombreux ouvrages toujours avec une approche sociale qui vient parfois s’étendre jusqu’à un activisme de terrain.
Certain de ses travaux portent sur la traite des noirs ou la piraterie et le plus reconnu d’entre eux est sûrement L’Hydre aux mille têtes : l’histoire cachée de l’Atlantique révolutionnaire.

Critique

Couverture Pirates de tous les paysParcouru de moments de vie éclairants, Pirates de tous les pays offre une plongée dans une époque brutale où les marines marchandes et militaires sont de petites tyrannies. Ces dernières sont de véritables reflets exacerbés par la promiscuité des empires européens qui les ont bâti, et dont chaque mouvement et affrontement redéfinit les règles du jeu. Les marins communs et les corsaires sont une ressource humaine utile, miséreuse, corvéable et sacrifiable ; en conséquence, les mutineries et actes de piraterie ne sont pas surprenants et semblables à ceux de bien d’autres temps et lieux. Mais l’envergure de ce mouvement, avec son rejet profond des lois et des valeurs des nations, le rend exceptionnel et crée une véritable culture pirate.

Marcus Rediker décrit comment les mécaniques des nations, par leur commerce, leur colonialisme et leur exploitation ont créé un contexte permettant, voire forçant, l’apparition de l’âge d’or de la piraterie. Il exprime aussi comment ces mêmes nations en provoqueront le déclin, unies dans leur opposition contre ceux-là mêmes qui ont choisi de rejeter les lois et les valeurs qui forment la base de leur légitimité.
Mais plus que cela, c’est la vie même des pirates qui est au centre de ce travail. Marginaux absolus, désignés comme ennemis commun de l’humanité, ils sont pourtant aussi appréciés, voir romantisés par leur contemporain. L’auteur ne manquera pas de mettre en avant leurs origines prolétaires, et multi-culturelles. Formés par leur désir de vengeance, de richesse et de liberté, ils développent leurs propres coutumes bien plus solidaires et démocratiques que ce que leurs vies marquées de violence pourraient laisser imaginer.

L’écriture, même si basée sur de nombreuses sources, peuplée de dates, reste très accessible. L’utilisation importante (dans la limite des sources disponibles) d’exemples directs de la vie des forbans rend le tout simple à comprendre.

Offrant des bases idéales intéressantes, Pirates de tous les pays peut servir d’ouverture à des sujets qu’il ne fait que survoler, qu’il s’agisse de la traite des noirs, ou l’exclusion des femmes de la vie en mer. Pourtant, au-delà d’un rôle de connaissance, c’est l’exemple de ces rébellions souvent matérialistes, mais pourtant aussi romantiques que désespérées qui risque de laisser sa marque.

Sources :

  • Site des Éditions Libertalia
  • Marcus Rediker, Pirates de tous les pays, éditions Libertalia, Traduction : Fred Alpi
    ISBN éd. 2017 : 9782377290000, 312p, 10€

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