Je profite de l’été pour reposter de vieilles critiques ciné… Si ça peut donner des idées de films à voir =)…
Girl, Lukas Dhont
16 Octobre 2018
Sur la pointe des pieds, avec une tendresse certaine, nous posons, dès l’entrée dans le film, le regard sur l’adolescence de Lara. C’est un réalisateur presque amoureux de son sujet qui expose et fait ressentir dès les premiers instants ses troubles les plus intimes. Drame humain mais pas mélodrame, Girl évite nombre d’écueils pour parler avec une justesse choquante de la souffrance du corps. Lukas Dhont invite le spectateur, à défaut de comprendre, à partager un peu de ce combat intérieur de Lara avec son propre corps.
Poursuivant son rêve de toujours de devenir danseuse étoile, Lara tente de plier ce corps, de l’astreindre à une discipline qu’il refuse parfois. Déchirée entre son sexe de naissance et son identité, entre intime et société, Lara suit sa route, prise de doutes, de déterminations et parfois, d’erreurs. Les plans répétés, et plus généralement la technique, tiennent en tension le spectateur, lui transmettent un peu de ce mal-être sans toutefois tomber dans le sentimental. Lorsque le cadrage frissonnant, concentré sur un corps aérien, chute, nous tombons avec Lara, aux prises avec un gouffre juste à la pointe de ses pieds.
Il serait facile de reprocher au film un certain utopisme, sa naïveté. De par un entourage proche au soutien indéfectible, idéalisé dans ce combat. Ou encore du « peu de conséquences » d’une société habituellement (encore plus) hostiles aux trans. Mais si nous regardons au-delà, le réalisateur débarrassé de la question sociale, se fait visionnaire. Il présente ce qu’il reste ensuite, universel d’humanité, cette conflictualité jamais manichéenne avec le corps, à la fois possédé et étranger.
Parution originale : Blog des Ambassadeurs du Cinéma – Angers 400 Coups, Octobre 2018
https://ambassadeurscineangers.wordpress.com
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