Présentation
Si Pierre Bottero est principalement connu pour sa fantasy et son Cycle de l’Ailleurs, il n’en a pas toujours été ainsi. Peu après la sortie du premier tome d’Ewilan, il renoue avec son style de romans jeunesse réaliste et sombre ; Zouck voit le jour en 2004 aux éditions Flammarion, entre anorexie et amours sordides.
L’histoire
Anouck est une jeune danseuse en devenir, qui oscille entre sa passion et sa vie d’adolescente. Jeune et toujours accompagnée de Maiwenn, sa meilleure amie. Pierre Bottero nous plonge dans la vie de Zouck, le surnom d’Anouck, qui va se retrouver bousculée petit à petit. Suite à une confrontation avec sa meilleure amie, une fissure se crée dans la vie de Zouck. Or, celle-ci s’apprête à faire voler en éclats tout ce qu’elle tenait pour acquis. La vie de Zouck va ainsi changer et elle sera confrontée à de nombreuses épreuves.
Critique
Dans Zouck, Pierre Bottero nous propose un roman jeunesse profond et complexe. Il aborde des sujets qui nous concernent tous. Il soulève des tabous sur les maladies et certaines problématiques sociales. Le lecteur va se retrouver confronté à des questions éthiques, mais aussi à des problèmes profonds qui toucheront Zouck, ainsi que son entourage.
Je suis seule.
Les jours passent.
Au milieu de la cacophonie des mots inutiles proférés par des passants translucides.
Au milieu des regards.
Qui blessent.
Construction
Le scénario est assez banal pour un ouvrage jeunesse actuel mais il faut tenir compte du contexte de publication. En effet, à l’époque, les livres jeunesse abordant des thématiques sombres étaient plus rares. On retrouve ici une construction simple et un dénouement assez classique dans son traitement.
Cependant, les protagonistes sont travaillés de manière plus approfondie, et on retrouve des personnages tout à fait crédibles. Cette impression est également renforcée par le fait que l’environnement du livre est concevable par tous dans notre époque moderne. Principalement féminins, les personnages de Pierre Bottero sont dépeints avec justesse. L’environnement familial est également riche et ancré dans le réel et propose un cercle haut en couleur, ayant autant de failles que de points forts.
Écriture
Les lecteurs pourront retrouver dans Zouck les débuts de l’écriture si spécifique de Pierre Bottero. Cette plume est empreinte à la fois d’une profonde tristesse mais aussi d’un éclat d’espoir et de lumière. Zouck est poétique, tant du côté du vocabulaire que du rythme des mots, apportant une fluidité de lecture intéressante. Grâce à son style ni trop complexe ni trop simple, le lecteur pourra apprécier les mots et l’harmonie littéraire du roman. Pierre Bottero propose un très beau parallèle métaphorique entre son style d’écriture et la danse, jouant ainsi avec les mouvements et leur expression.
Les écrivains dansent sur leur plume, leurs mots sont des ballets, qu’ils offrent à leurs lecteurs.
Conclusion
Zouck est un roman jeunesse qui saura toucher un public large de par les thèmes abordés. Le livre propose une réelle dynamique qui permettra au lecteur de se plonger à côté des différents personnages et de comprendre leurs points de vue. De plus, le livre tire également sa force de sa crédibilité et, même des années après, n’a pas pris une ride. Enfin, il saura parler autant aux amateurs de Pierre Bottero, de par son écriture si particulière, qu’aux jeunes lecteurs ou à ceux qui sont touchés par ces problématiques.
Références éditoriales
Résumé chez Flammarion
« La musique était une onde qui me portait. Toujours plus haut. Je me sentais légère. J’avais la sensation que mes gestes pouvaient s’affiner jusqu’à devenir parfaits. »
Anouck, dite Zouck, a une passion : la danse. Qu’elle partage avec sa meilleure amie, Maiwenn. Jusqu’au jour où elles s’éloignent l’une de l’autre. De son côté, Zouck, obsédée par l’idée de perdre quelques kilos superflus, se coupe du monde… Maiwenn tombe follement amoureuse et devient de plus en plus distante.
Ré-éditions Flammarion
Sources :
- Éditions Flammarion
- Les autres livres de Pierre Bottero
Je sais bien que Zouck n’est certainement pas le livre le plus lu de Pierre Bottero, et qu’il est bien moins connu que le cycle de L’Ailleurs, mais je pense qu’il m’a touchæ presque autant qu’Ellana. C’était d’une manière très différente, beaucoup plus réaliste et rationnelle, mais je ne peux pas m’empêcher d’être ému dès que je le relis. Je l’ai lu plusieurs fois dans des contextes différents et j’ai la sensation que mon identification a évolué au fur et à mesure que je grandis.
Je suis aussi impressionnæ en me disant que ce livre a été écrit par un homme adulte. On a la sensation d’entendre la voix de Zouck derrière chaque page et chaque émotion et je trouve incroyable que Bottero ait réussi un tel travail d’immersion pour écrire ce livre