Jean-Louis Thouard
Aussi loin que je me souvienne, ce sont des livres qui m’ont fait pénétrer dans l’univers des « spires » et de « l’imagination ».
Ces livres un rien inquiétants avaient une saveur plutôt fantastique. Point de Ts’liches encore, mais des créatures surgies du même bestiaire.
Sur les conseils d’un maître Duom, je me rendais souvent à la bibliothèque municipale, une vieille et labyrinthique bâtisse qui jouxtait mon lycée.
Là, dans un dédale d’antiques étagères, de hautes portes grinçantes et de planchers au chêne craquant, m’attendaient les démons de Bram Stoker, les pirates et le savant schizophrène de Robert Louis Stevenson, les chats noirs et les nains ricanants d’Edgar Allan Poe... Déjà les Raïs, les marcheurs arachnéens, les mercenaires du Chaos et autres goules frappaient aux portes de mon imaginaire. Je voulais les faire surgir de mon esprit pour leur donner corps.
Mais la route initiatique qui mène au dessin est longue… C’est aux Arts décoratifs de Strasbourg, après un bac littéraire, que je découvris ma petite « Académie ».
Au terme de cinq années d'entraînement, mon diplôme et une licence d’arts plastiques me permirent de franchir la porte invisible du dôme de la Citadelle. J’apercevais au loin des terres inconnues ô combien attirantes… celles du livre illustré et de l’édition. Grâce à un pas sur le côté, je me rendis aussitôt à la capitale afin d’y rencontrer des éditeurs et de montrer mes dessins. Peut-être avais-je un petit pouvoir de ce côté-là.
L’accueil ne fut pas trop mauvais. Depuis, j’arpente les Spires de l’Imagination afin de créer des dessins qui donneront aux lecteurs le désir de mettre leurs pas dans les miens et de croiser, peut-être, un dragon ancestral. Ou même, qui sait, une jeune fille aux yeux violets et aux pouvoirs étranges...

J’ai perçu la trilogie de Pierre Bottero comme une véritable aubaine pour aller plus avant dans les spirales vivantes de l’imaginaire. Non seulement il a créé une oeuvre dense, profonde, regorgeant de monstres et de merveilles et qui m’a donné de quoi nourrir mon bestiaire fantastique personnel ; mais il a parfaitement réussi à mettre en parallèle le monde contemporain avec celui de Gwendalavir, créant ainsi une cartographie véritablement singulière.

La Quête d’Ewilan est généreuse et humaniste. En suivant les pas de Camille, Pierre Bottero invite le lecteur à un voyage initiatique dont il ne sortira pas indemne. Chaque fois qu’il lira un des chapitres de La Quête d’Ewilan, le lecteur découvrira qu’il peut, lui aussi, gravir l’Arche vers l’imaginaire. Il dépendra alors de lui, selon la force de sa volonté et de ses désirs, d’accomplir son propre « pas sur le côté ». Il saisira alors le visage symbolique et spirituel que lui apporte notre monde.

   
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